Communiqué de presse : Islamophobie, racisme systémique et censure culturelle

23 mai 2025

Lors de la commission permanente du 24 avril 2025, la majorité de droite du Département de l’Isère a fait voter un amendement budgétaire supprimant la subvention de 4 000 euros accordée au festival “Bien le Bourgeon”, organisé par l’association Mix’Arts parce qu’elle programme le rappeur Médine.

Pour Grenoble Alpes Collectif (GAC), cette décision constitue une atteinte grave à la démocratie culturelle et aux droits humains fondamentaux, notamment le droit à l’expression artistique, de programmation et de création.

Elle s’inscrit dans une logique d’islamophobie institutionnelle, habillée d’un vernis de laïcité et de prétendus principes universalistes.

En effet, la raison invoquée par Jean Pierre Barbier pour revenir sur la décision d’attribuer 4000 euros à l’association Mix’arts concerne la présence du rappeur Médine. Cette ingérence dans la programmation culturelle d’un festival est inédite et relève de la censure. C’est une atteinte à la démocratie et la majorité de Jean-Pierre Barbier franchit ici un cap supplémentaire dans son instrumentalisation des fonds publics. Ce qui est le plus grave, c’est que cette censure s’inscrit dans un combat idéologique aux relents islamophobes, ciblant non pas des actes, mais une identité et une culture. Les reproches formulés à l’encontre de Médine, en plus d’être infondés, relèvent d’un prisme idéologique profondément islamophobe. En réalité, ce n’est pas l’artiste Médine qui dérange, mais ce qu’il incarne : une voix musulmane, engagée, populaire, qui refuse de se conformer aux injonctions d’invisibilité imposées aux minorités. Seul un élu : Pierre-Didier Tchétché, conseiller départemental et membre du GAC, n’a pas voté cette censure. Les élus EELV après avoir voté pour l’amendement ont fait un communiqué pour exprimer le regret de leur vote et exprimer leur changement de positionnement. Tous les autres élus de “gauche”, regroupés au sein du groupe UGES, ont voté pour cet amendement.

Ce silence n’est pas neutre. C’est une violence par omission, une complicité passive avec l’exclusion. Plutôt que de défendre les principes de liberté, de pluralisme et de justice, les partis représentés au sein du groupe UGES abandonnent le terrain de la lutte contre les haines et l’autoritarisme et renoncent à affirmer que les droits culturels valent aussi pour les musulmans, pour les rappeurs, pour les voix contestataires.

Si, avec le GAC, nous portons certaines valeurs dites de “gauche”, nous ne nous reconnaissons pas avec certains de ses représentants. Cette gauche qui refuse de reconnaître que l’islamophobie menace l’idéal républicain est tout aussi responsable de la montée du racisme et du fascisme que la droite. En ne se positionnant pas clairement sur les questions de racisme systémique, d’islamophobie ou d’antisémitisme, elle laisse l’idéologie réactionnaire de l’extrême droite gagner l’hégémonie culturelle.

Cette nouvelle attaque contre une expression artistique constitue non seulement un abus de pouvoir, mais aussi une aggravation de l’islamophobie d’État. La droite départementale n’a jamais inscrit la lutte contre le racisme, l’antisémitisme ou l’islamophobie dans son action. Pour preuve, elle compte dans ses rangs le conseiller Gérard Dézempte — condamné pour injures racistes — et Julien Polat, vice-président en charge des finances, qui a, lors des dernières élections présidentielles, parrainé Éric Zemmour malgré sa condamnation pour provocation à la haine raciale.

Lorsque le pouvoir ne se contente plus de réguler mais commence à exclure, faire taire, marginaliser symboliquement, on franchit un seuil dangereux. Ce n’est pas seulement une censure : c’est une hiérarchisation de qui a le droit d’exister culturellement et politiquement.

Notre collectif organisera à ce titre une soirée de témoignages et de discussions sur le racisme, l’islamophobie et la montée du fascisme le 11 juin à 19h30 à la maison de la vie associative et citoyenne de Grenoble.

Les membres du Grenoble Alpes Collectif

Contact presse :

Pierre-Didier Tchétché Apéa

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